Selbst - Despondency Chord Progressions (2024)

Genre : black metal

Label : Debemur Morti Productions

Localisation : Chili

Sortie : 19 avril 2024

Sorti au printemps 2024, « Despondency Chord Progressions » était le troisième album du one man band sud américain Selbst. Pour ce nouvel effort, le label français Debemur Morti Productions renouvelait sa confiance au compositeur et multi instrumentiste N. Il faut dire que le deuxième opus «Relatos de angustia » avait laissé une belle impression.

Pour les sept morceaux de « Despondency Chord Progressions » , Selbst ne changeait pas son fusil d’épaule et proposait un black metal, assez orthodoxe, mais avec des éléments suffisamment variés pour lui conférer un supplément d’âme.

Dès « La encarnacion de todos los miedos », on remarquait un soin particulier apporté aux guitares qui souvent s’éloignaient du pur black metal. C’est notamment le cas sur la guitare rythmique qui se détachait souvent de l’ensemble avec des sonorités sous-accordées qui apportaient cette forme de gravité que l’on trouverait chez Amenra par exemple. Parfois, comme sur « The Stench of a Dead Spirit », la musique pouvait d’ailleurs prendre des accents sludge beaucoup plus pesants encore, amenant une autre teinte de noirceur à l’album.

A d’autres comme sur l’introduction de « When True Loneliness is Experienced », c’était au contraire la lead guitare qui prenait des libertés, avec des petits soli tout en feeling qui s’aventuraient davantage le rock ou le metal progressif.

Le chant était probablement l’aspect où Selbst avait le plus évolué depuis « Relatos de angustia ». N en assurait cette fois toutes les parties sans avoir recours à un invité. On retrouvait ainsi son chant black très expressif mais cette fois le multi instrumentiste s’aventurait lui même sur les chemins du chant clair. C’était particulièrement vrai sur « Between Seclusion and Obsession » dont les guitares acoustiques et le chant apportaient une éclaircie mélancolique dans cette tempête qu’est « Despondency Chord Progressions ». Là encore, le feeling était au rendez-vous plaçant cet album dans un registre émotionnel très intense. Le final intense de « Third World Wretchedeness » en témoignait également , mais ce n’était là qu’un exemple parmi tant d’autres.

Ce troisième opus frappait donc par son coté très élaboré et profondément immersif. Le travail de composition de était tout ce qu’il y a de plus chiadé et ciselé. Sans être d’une longueur démesurée les sept compositions étaient denses sans pour autant noyer l’auditeur. On se laissait volontiers absorber par cet univers où la musique savait se faire à la fois massive, dissonante et mélodique. Mais la plus grande qualité de « Despondency Chord Progressions » était véritablement d’ouvrir en grand la porte sur l’expression des émotions qui déferlaient telles des vagues pour nous emporter avec elles. Avec cet opus Selbst se rappelait donc à nous de la plus belle des manières en délivrant une musique d’une rare intensité.