
Style : Post black metal
Label : Agonia Records
Localisation : France
Sortie : 14 février 2025
Pour ce nouvel album la formation parisienne, Decline of the I, entame la deuxième partie d’une trilogie portant sur les écrits de Søren Kierkegaard. Le premier chapitre, « Johannes » datait de 2021 et était déjà sorti chez Agonia Records qui soutient le groupe depuis ses débuts. Ce premier volet portait sur le premier stade l’existence pensé par le philosophe danois, à savoir celui de l’esthétique marqué par l’individualité, la recherche de plaisirs frivoles. Pour « Wilhelm », A.K, principal compositeur du groupe, reprend donc les choses là où il les avaient arrêtées en abordant le second stade établi par Kierkegaard : l’âge éthique marqué par l’engagement et finalement une certaine forme de déclin du moi au profit d’un projet plus large. L’artwork, toujours réalisé par Dhen Sora, illustre les paradoxes de cette période de la vie avec ce personnage entouré de mains. Mais alors que pour « Johannes » celles ci semblaient caressantes, comme flattant les désirs de ce personnage au regard insatiable, ici les paupières semblent fermées et si plusieurs mains sont encore présentes, le regard est surtout attiré par celle qui porte une alliance et saisit le personnage à la gorge comme pour l’étrangler.
Cette référence à l’alliance, on la retrouve dès le premier titre que l’on pourrait voir aussi comme une évocation au rat ornant l’album « Rebellion » (2015). Très directe dans son entame, cette composition nous replonge directement dans les atmosphères les plus colossales et noirâtres de Decline of the I. Traversée ensuite de quelques lignes de violon, de chœurs, elle donne déjà un bel aperçu de cet album, une nouvelle fois placée sous les auspices d’un metal noir pas comme les autres.
Combinaison dense de divers horizons, intégrant aussi bien des éléments black metal à d’autres plus post, atmosphérique voire sludge, la musique de Decline of the I frappe par son côté sombre et immersif. Partout où il le peut le groupe semble puiser partout où la noirceur peut se loger. Outre les lignes de cordes stridentes déjà évoquées, certains morceaux comme « Entwined Conondrum » ou «Diapsalmata » sont aussi traversées par des sonorités trip hop dont la mécanique accentue le côté anxiogène et étouffant. A tous ces éléments dont A.K et ses partenaires sont finalement assez coutumiers, il ne faut pas oublier ces passages de voix enregistrés. C’est un procédé assez en vogue dans la scène française depuis quelques années que d’utiliser des passages d’interviews voire de films pour les mêler plus ou moins habilement à la musique, citons dernièrement Berlial, Zéro Absolu et sûrement bien d’autres. Pour Decline of the I, c’est un élément qui est présent depuis le début je crois, son absence pourrait donc presque paraître étrange. Cette fois le groupe a utilisé dans l’introduction de « Diapsalmata » un enregistrement de la voix de Marie-Jo Simenon interviewée peu avant son suicide en 1978. La voix fluette, très mélancolique, presque déjà partie de la fille du célèbre écrivain s’intègre pour le coup très bien dans cet univers dominé par le tiraillement entre soi et les autres. Pour information, « Diapsalmata » est aussi le titre d’un ouvrage de Kierkegaard rassemblant diverses réflexions et aphorismes qu’il présente comme le journal d’un jeune homme désespéré.
Pour continuer dans le registre vocal, on relèvera, là aussi, une belle variété de sonorités. Le chant principal, déjà très expressif, se voit renforcé ponctuellement par high scream déchirants. Si on ajoute à cela des passages narratifs (parfois en Français) et des chœurs masculins ou féminins, on voit que Decline of the I n’a une nouvelle fois pas ménagé ses efforts pour jouer sur différents registres émotionnels tout en préservant une belle cohérence à l’ensemble. Globalement d’ailleurs la plus belle réussite de cet album est, une nouvelle fois, de parvenir à composer une œuvre homogène et très immersive avec toute sortes de matériaux, qu’ils soient musicaux, philosophiques, littéraires ou personnels.
Tracklist :
1. L'alliance des rats (08:38)
2. Entwined Conondrum (07:51)
3. Diapsalmata (10:03 )
4. Éros N (06:13)
5. The Renouncer (13:31)
Disponible sur :
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