Severoth / Шляхом світла (By the Way of Light) - 2024

Genre : black metal atmosphérique

Label : Avantgarde Music

Localisation : Ukraine

Sortie : 22 mars 2024

Quatre années s’étaient écoulés entre "Vsesvit" et son successeur « Шляхом світла » (By the Way of Light) paru sur le label italien Avantgarde Music en 2024. Quatre années, c’était inhabituellement long pour Severoth qui depuis 2015 décochait les albums avec une régularité de métronome. Mais pour le one man band ukrainien ces quatre dernières années n’avaient rien eu d’un fleuve tranquille. On comprend aisément pourquoi.

La composition avait pourtant rapidement commencé dans le sillage de la sortie de « Vsesvit ». Mais le 24 février 2022, l’attaque de la Russie contre l’Ukraine avait probablement quelque peu bouleversé la donne pour Severoth. Originaire de la ville de Dnipro, à l’est du pays, la tragédie des combats a constitué une complication considérable tant d'un point de vue personnel que dans le processus de création de « Шляхом світла ».

Proposant des albums dont l’univers est davantage tourné vers les cieux et la nature que les affaires humaines, l’irruption de cette terrible réalité se faisait sentir avec la chanson « Сталевої волі сини » (Sons of Steel will). Une composition fleuve, qui était une des plus épiques que Severoth ait proposé avec des guitares aux accents « Saoriens », des claviers majestueux et des lignes de chant clair solennelle.

Pour autant, Severoth restait Severoth et ce sixième album n'abandonnait à aucun moment ce qui a toujours fait la magie de cet artiste qui, comme à son habitude, avait tout composé, joué, enregistré et mixé. Dans la continuité de cet univers à la fois sombre et lumineux, « Шляхом світла » proposait de longues compositions traversées de nappes de claviers voluptueuses. Plus enclin que jamais à dépeindre des atmosphères oniriques et poétiques, l’album faisait la part belle à l’instrumentation avec des lignes de guitares amples et généreuses.

Alors bien sur le chant n’était pas absent ou négligé, loin de là. Les nombreuses parties en voix claire, superbement intégrées au tableau en attestaient. Mais parfois, et même assez souvent, il fallait bien constater que le chant s’éclipsait plus que d’habitude pour laisser pleinement la parole à cette musique envoûtante, reflet d’un imaginaire où communiaient la forêt, les montagnes et la froide lumière de la lune et des étoiles.

A l’image d’une longue nuit où les nuages n’auraient de cesse de voiler ou dévoiler la lueurs des astres, la musique de Severoth prenait le temps de s’absorber de ces atmosphères pour en restituer la grandeur que ce soit sous ses accents les plus mélancoliques ou les plus tempétueux. Animé par les bourrasques de l’âme autant que par un onirisme foisonnant, Severoth venait une nouvelle fois accrocher dans les cieux du black metal atmosphérique une étoile ô combien resplendissante.