Amenra – De Toorn

Publié le 20 avril 2025 à 10:15

Style : Amenra

Label : Relapse Records

Localisation : Belgique

Sortie : 25 mars 2025

 

Quatre ans après l’album « De Doorn » (La porte), Amenra rompt un silence musical tout relatif puisque la formation flamande s’était fendu, l’an dernier, de « Skunk », une bande originale très ambiante pour le film du réalisateur belge Koen Mortier dans lequel Colin H. van Eeckhout jouait le rôle du père du personnage principal.

Depuis le groupe a pris le chemin du studio, se cloitrant dans les Ardennes belges avec le producteur Seth Manchester pour composer non pas un mais deux Eps qui pourraient à terme être le pont tant attendu amenant à l’enregistrement de Mass VII.

De ces deux Eps, « De Toorn » (La colère ») est celui qui marche le plus dans les pas de l’album précédent dont il est le prolongement et le dénouement. Il se compose de deux titres dépassant le seuil des dix minutes.

Ce sont des percussions ressemblant aux battements d’un cœur qui ouvrent « Heden », un motif rythmique qui va nous accompagner presque tout au long du morceau, comme si on écoutait son propre poul. Assez rapidement, ce leitmotiv est rejoint par la basse puis au bout de quatre minutes environ par la voix de Colin H. van Eeckhout qui égraine ses mots en Flamand avec une voix claire qui peut sembler monocorde mais dégage déjà un feeling à fleur de peau. De ci, de là quelques arpèges de guitare viennent s’ajouter faisant peu à peu monter une tension qui va éclater alors que la composition a déjà dépassé les huit minutes. Tout cela pourrait paraître long... mais non je n’ai pas éprouvé de sensation de d'ennui ou de lassitude car la manière dont est construite « Heden » crée une forme de crescendo introspectif dès les premières notes. C’est un peu comme se lever le matin lors d’une de ces étouffantes journée d’orage, la nuée n’est pas forcément encore sur votre tête à déchainer ses éléments mais on sent qu’elle va venir, désirée autant que crainte. Chaque petit changement est le signe qu’elle se rapproche : là un souffle de vent, le bruit, la lumière, les premières gouttes et enfin une certaine forme de délivrance quand enfin elle éclate.

L’autre morceau « De Toorn » (Talisman) est assez proche dans sa conception jouant d’abord avec de vastes étendues sonores assez planes et une ascension émotionnelle très progressive avant un final typique d’Amenra. On retrouvera alors cette musique écrasante et la voix déchirante de Colin H. van Eeckhout qui vous traverse de part en part. Cette fin fin est tout bonnement viscérale avec quelques doublements de voix qui viennent accentuer plus encore la sensation d’écrasement et de déchirement.

En résumé à ce petit EP, on peut dire qu’Amenra fait ce qu’il sait le mieux faire : composer une musique toutes en émotions, en introspection. Les années faisant, sa musique s’est muée vers quelque chose de plus contrastée, on retrouve bien sûr ce côté massif qui est la marque de fabrique du groupe mais de plus en plus et de mieux en mieux, la formation belge le marie avec des parties musicales éthérées qui prennent de plus en plus d’ampleur tout comme les voix claires, qu’elle soient parlées ou chantées. Il s’en trouvera sûrement certains et certaines pour trouver le procédé quelque peu long ; pourtant force est de constater, qu’avec ces constructions jouant sur une montée progressive des émotions, ces deux morceaux sont de bien beaux et dignes successeurs de « De Doorn ».

 

9/10

 

Tracklist :

1. Heden (13:31)

2. De toorn (talisman) (12:12)

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