Behemoth - The Shit ov God (2025)

Style : black / deah metal

Label : Nuclear Blast Records

Localisation : Pologne

Sortie : 9 mai 2025

Début mai, Behemoth sortait son nouvel album « The Shit ov God »  et suscitait comme toujours autant de commentaires positifs que négatifs. Le problème avec toutes ces gesticulations verbales c’est que l’on ne sait plus trop si c’est vraiment la musique de Behemoth qui est au cœur du débat, la personnalité très médiatique de Nergal, la réussite du groupe ou un peu tout à la fois.

Autant le dire, je n’ai jamais été grand amateur de la musique de la formation polonaise à l’exception de l’album « The Satanist » que j’avais trouvé étonnamment bon avec ses morceaux accrocheurs et agressifs. Pour le reste ma foi, la discographie de Behemoth m’a toujours fait l’effet d’une dissertation assez scolaire avec des débuts black metal (thèse) qui n’étaient pas ce qu’il y avait de meilleur en provenance de Pologne à cette époque, une suite plus orientée death (antithèse) qui m’indiffère totalement et une dernière période plus orientée vers le black/death (synthèse).

« The Shit ov God » est de cette dernière lignée et tente de reprendre la main après un « I Loved You at Your Darkest » plutôt moisi et un « Opvs Contra Natvram » un petit peu mieux mais qui n’a pas résisté longtemps à l’épreuve des écoutes répétées. Du coup, et comme à l’habitude, la sortie de cet énième album n’a pas soulevé en moi un grand vent d’enthousiasme, pas plus qu’un quelconque sentiment réprobateur d’ailleurs. En gros c’est un peu un non événement, à ceci près que Behemoth fait partie de ces groupes qui ont tellement grossi qu’ils sont devenus des figures de proue de la scène metal. Or je trouve toujours cela intéressant pour ne pas dire amusant de voir comment un groupe de ce genre parvient à rameuter un large public avec une musique qui n'est tout de même pas foncièrement commerciale.

Cela n’est d'ailleurs pas sans susciter divers remous au sein du cercle plus restreint du metal extrême et du black metal. On retrouve ainsi les mêmes suspicions qui ont accompagné jadis l’avènement de Cradle of Filth ou de Dimmu Borgir. On pourrait aussi citer bien d’autres groupes "bankables" qui n'ont pas sorti de musique depuis des lustres et sont devenus des vendeurs de concerts ou de T-shirts.  Behemoth au moins continue de composer des albums même si il n'est pas le dernier à refourguer tout un fatras de produits dérivés divers et variés. Alors,vendu Behemoth? Peut-être, mais il n’y a pas que des inconvénients à cela ( outre le fait d'arrondir les fins de mois de la bande à Nergal et de Nuclear Blast). L'autre avantage de ce statut particulier est qu'aujourd’hui, la musique de Behemoth constitue une sorte de vulgarisation du style. Vulgarisation? En clair le black death de Behemoth peut constituer une porte d’entrée relativement accessible de par son exposition médiatique... et qui sait? Pour certains elle sera peut être le début d’une exploration plus approfondie dans ce style de musique. Alors bien que beaucoup se refusent à le dire, le black metal a aussi besoin de groupes comme Behemoth pour renouveler un peu son public et attirer à lui de nouveaux adeptes qui basculeront, pour certains, du côté underground de la chose. Tout le monde n'ayant pas été biberonné au black metal pur et dur, des groupes passerelles sont nécessaires. Behemoth en fait partie et en la matière « The Shit ov God » n’est pas dénué de certaines qualités.

Qu’attendre d’un groupe comme Behemoth pour qu’il soit à même d’aller conquérir quelques nouvelles âmes innocentes ? Des titres accrocheurs et agressifs comme la formation polonaise avait su en décocher sur « The Satanist ». Or cet album contient son lot de compositions ayant quelques prédispositions pour cela, que ce soit le titre introductif, « The Shadow Elite » qui rentre directement dans le vif du sujet ou le titre éponyme et son refrain un brin putassier. Alors on pourrait se dire que l’album va ensuite gentiment ronronner mais non... « Lvciferaeon », « To Drown the Svn in Wine » et consorts font bien le boulot en enchaînant moments survoltés et breaks plutôt inspirés. L’album et ses huit titres étant assez concis, Behemoth s’évite trop de longueurs et donne au contraire une impression de dynamisme.

Alors sans forcément atteindre des sommets, Behemoth est parvenu à sortir avec « The Shit ov God » un opus somme toute assez prenant, ce qui n’était pas forcément couru d’avance vu les deux précédents. Je n’en ferai pas pour autant un prétendant au titre d’album de l’année ou quoique ce soit dans ce genre mais à l’instar de Cradle of Filth il y a quelques mois la balance penche plutôt du bon côté, ce qui en soi est plutôt une bonne surprise.