Sühnopfer - Nous sommes d’hier (2023)

Publié le 10 septembre 2025 à 07:29

Sühnopfer - Nous sommes d’hier (2023)

 

Genre : Black metal

Label : Debemur Morti Productions

Localisation : France

Sortie : 6 octobre 2023

 

Il y a un peu moins de deux ans, Sühnopfer sortait « Nous sommes d’hier ». A l’image de ce souverain capétien surgissant de sa crypte, le one man band signait avec ce quatrième album un retour fracassant au sein de la scène black metal.

Preuve en était donnée avec le morceau d’ouverture « D.S.F.R » qui donnait résolument le ton de ce nouveau chapitre imprégné d’histoire, de religiosité, de légendes et de cette terre du Bourbonnais, fief de la famille royale des Bourbons. « D.S.F.R », disais-je donc, entamait de la plus belle des manières les hostilités. S’ouvrant sur quelques lignes de cordes acoustiques, très vite on assistait à un véritable déchaînement musical. Le riffing acéré et rapide se mêlait étroitement aux lignes mélodiques, le chant était agressif et la batterie était au diapason de l’ensemble. Mieux encore « D.S.F.R » (qui est l’acronyme de « Domine Salvum Fac Regen » : « Seigneur sauve le roi ») voyait se glisser subtilement les notes de ces motets retravaillés par Marc Antoine Charpentier à la fin du XVIIe et qui constituaient de fait l’hymne de la royauté française. Outre la qualité de cette réinterprétation dans laquelle se glissaient aussi des chœurs très travaillés, ce qui forçait le respect c’était la manière dont Ardraos était parvenu à l’intégrer de manière habile au morceau sans que cela sonne de manière ampoulée ou que cela arrive de manière impromptue. Voilà une entame qui était réellement captivante, avec une musique frénétique et aiguisée comme la plus redoutable des lames.

Après un tel début, on aurait été en droit de se demander si la suite allait être du même niveau ? Et bien elle l’était, l’album « Nous sommes d’hier » ne souffrait d’aucun temps mort et d’aucune faiblesse. Il y avait, disons le, un véritable travail d’orfèvre sur l’instrumentation, la composition et la manière dont sonnait le tout. Les paroles n’étaient pas en reste avec là aussi un vrai travail de recherche, de réflexion et de création qui contribuait à donner tout son sens à « Nous sommes d’hier ».

Historiquement, on se situait principalement entre le XVII et le XIXe siècle avec beaucoup de références à l’Auvergne et au Bourbonnais. « Le sermon sur le trépassement » était inspiré du Sermon pour la mort du pécheur  de Jean Baptiste Massillon (évêque de Clermont au début du XVIIIe siècle et prédicateur apprécié de Louis XIV) . « Derniers sacrements » évoquait dans un mélange de rage et de choeurs tragiques, les derniers jours du fils de Louis XVI, mort dans la prison du Temple en 1795. « Céron » nous parlait, quant à elle, d’une des dernières sorcières du Bourbonnais au XIXe siècle. Enfin « Pays d’Allen » était une référence explicite à la devise des Bourbons.

Musicalement « Nous sommes d’hier » montrait une inclinaison certaine pour la deuxième vague black metal. De part la puissance mélodique, on ne pouvait s’empêcher de penser à Dissection ou aux premiers Satyricon pour le coté un peu plus médiéval. Mais plus encore, peut-être, Sühnopfer se faisait l’héritier d’un black metal à la française avec ce côté très travaillé, très littéraire voire un peu élitiste. . Cela dépassait d’ailleurs le simple cadre du black metal, le groupe puisant de belles inspirations dans la musique sacrée, le baroque mais aussi la variété française...Car comment ne pas évoquer la reprise du titre de Michel Polnareff « Le bal des Laze » à la toute fin de l’album. Nous rapportant les pensées d’un roturier condamné à mort pour avoir tué le fiancé de la jeune femme noble qu’il aimait, cette chanson à fois pleine de tristesse, d’amour et de haine était superbement retranscrite avec une superposition de chant clair et saturée. Là encore le travail sur l’instrumentation était de nouveau remarquable avec des lignes mélodiques de guitares magnifiques qui se glissaient en lieu et place des sonorités d’orgue utilisées par Polnareff.

Très inspiré, soucieux du moindre détail et probablement très exigeant avec lui même Sünhopfer offrait avec « Nous sommes d’hier » un album qui dépassait de très loin les standards du black metal épique et mélodique. Cette œuvre, pour ne pas ce chef d’œuvre, dégageait une impression de faste et d’opulence qui lui confère toujours une aura à la fois majestueuse et féroce. Du grand, du très grand black metal à la française, au sens le plus noble du terme.

 

Tracklist :

 

1. D.S.F.R. (08:05)

2. Nous sommes d'hier (07:07)

3. Sermon sur le trépassement (09:47)

4. Pays d'Allen (09:57)

5. Céron (06:38)

6. Derniers sacrements (08:52)

7. Le bal des Laze (Michel Polnareff cover) (04:52)

 

 

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