
Genre : Black metal avangardiste
Label : Debemur Morti Productions
Localisation : Ukraine
Sortie : 29 mars 2024
En 2024, Waidelotte était une toute nouvelle formation venue d’Ukraine et fondée par des musiciens d’horizons assez divers, à savoir : Andrii Pechatkin (White Ward),Oleksii "Zlatoyar" Kobel (Soen) et Mykhailo Bogaichuk (I Miss my Death). Dans les faits le line-up était même beaucoup plus large encore comme en attestait la liste conséquente des invités (près d’une douzaine) qui étaient intervenus sur « Celestial Shrine ». On retrouvait notamment des membres de ТІНЬ СОНЦЯ, de Naoni Orchestra, de Casa Ukrania et de Gordiy Starukh. Le tout donnait un mélange pour le moins étonnant et sortait sur le label français Debemur Morti Productions.
L’artwork réalisé par Serhii Kochmar pouvait laisser penser à une réminiscence de Cult of Fire, mais non Waidelotte n’avait pas de vocation bouddhiste quand bien même son chanteur concédait, je cite : « Bien qu’il ne s’agisse pas d’un dieu hindou en particulier, nous avons cherché l’inspiration dans cette religion, en réinterprétant certaines de ses perles de sagesse du point de vue de nos origines. Mais chacun peut voir son propre sanctuaire sur la pochette. C’est juste un élément déclencheur qui peut pousser à une exploration et à des conclusions plus approfondies. ».
A l’aune de cette citation et du line up présenté plus haut, vous comprendrez aisément qu’avec « Celestial Shrine », on n’était pas avec un album tout simple qui allait nous tomber tout cuit dans le bec.
La description même de la musique était assez hasardeuse avec une combinaison de post black, de death metal avec des influences progressives et le recours ponctuel à des chants et instruments folkloriques (vielle à roue, bandura, tsymbaliy…).
La première écoute s’avérait d’ailleurs pour le moins déconcertante laissant l’impression d’un maelstrom stylistique dans lequel on se sentait parfois un peu perdu. Assez vite, on comprenait donc que l’on était face à un de ces objets sonores plus ou moins identifiés et que ce « Celestial Shrine » n’allait pas se laisser dompter facilement.
L’affaire était complexe sans l’ombre d’un doute. En même temps avec des compositeurs comme Oleksii "Zlatoyar" Kobel de Soen ou Andrii Pechatkin, chanteur / bassiste de White Ward, il ne fallait pas s’attendre à autre chose. La voix, désormais assez familière, de ce dernier était d’ailleurs une des accroches de « Celestial Shrine » offrant une des premières branches auxquelles on pouvait se raccrocher.
Sur le plan thématique, l'album entendait dépeindre le voyage d'un individu à travers le désespoir, la mort et finalement la renaissance. Un cheminement complexe donc, avec pour point de lumière une forme de catharsis. Là encore, la main d’Andrii Pechatkin était assez reconnaissable et ces quelques éléments de contexte permettaient de mieux saisir les intentions de Waidelotte dont la musique semblait chevillée aux paroles narrant le parcours chaotique de ce personnage fictif.
Chaos. C’est bien le mot qui ressortait aux premières écoutes. Mais ce chaos n’avait rien d’hasardeux. Quand bien même la musique de Waidelotte pouvait laisser une première impression de confusion ou et de profusion, on comprenait assez vite aussi que ce chaos était minutieusement orchestré et se mettait au service de la narration. A ce titre les intentions artistiques de la formation était donc parfaitement transcrites même si l’album restait parfois difficile à suivre dans ses multiples changements de caps.
Au fil des écoutes « Celestial Shrine » se dessinait comme un agencement complexe de fulgurances musicales se succédant les unes aux autres. On a parlé du chant mais on pouvait aussi s’en tenir aux guitares qui savaient s’aventurer aussi bien dans les contrées d’un post black débridé que dans celles d’un death metal solidement charpenté. La basse ? Dans les mains de Oleksii "Zlatoyar" Kobel cet instrument faisait déjà des merveilles dans Soen. C’était aussi le cas ici. Les passages où des sonorités traditionnelles venaient se greffer à cet ensemble ne manquaient pas d’attirer l’attention, quand bien même ces moments arrivaient souvent par surprise, amenant un subit raie de lumière sur cet univers bien sombre. On remarquait notamment différentes irruptions de chants féminins, de la vielle à roue sur « Todestrieb » ou encore des sonorités de bandura sur l’intermède «Ascending». Ce premier opus offrait donc une large palettes de respirations et finalement de couleurs. Le point d’orgue de tout cela était probablement constitué par le titre éponyme où les sonorités de cet instrument assez fascinant qu’est le tsymbaly se mariaient à merveille avec des guitares agressives pour un morceau tout en contrastes. L’outro ambient constituée par « Dissolving » aurait du coup relevé de l’anecdote, si ce morceau n’avait pas eu une fonction bien particulière pour clore le récit.
Alors non, ce premier album n’était pas des plus faciles à aborder et il n’est pas sur qu’il ait trouvé un large public. Mais au-delà cette complexité qui pouvait décontenancer, il se révélait au fil des écoutes comme une œuvre impressionnante par son ampleur et sa richesse aussi bien musicale que conceptuelle.
Tracklist :
01. Descending (00:44)
02. The Era of Stagnant Gods (4:31)
03. Todestrieb (5:11)
04. Opulent Mirage (5:35)
05. The Mortality Archway (3:33)
06. Ascending (1:02)
07. Lightkeeper (4:46)
08. Celestial Shrine (4:25)
09. Dissolving (feat. Solar Kollapse) (8:18)
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