
Genre : Black metal expérimetal et avant gardiste.
Label : Century Media
Localisation : USA
Sortie : 22 juillet 2022
Pratiquant une musique expérimentale assez difficile à appréhender, Imperial Triumphant proposait en juillet 2022 cet album qui faisait suite au très écrasant “Alphaville”. Toujours chez Century Media, la mystérieuse formation américaine, ne changeait pas radicalement de formule pour ce cinquième album intitulé “Spirit of Ecstasy”.
Imperial Triumphant faisait évoluer sa musique sous la forme d’une dystopie ayant pour cadre principal la mégalopole new-yorkaise, perçue comme la nouvelle Babylone de l’Apocalypse. Le groupe s’attachait à restituer les sonorités de cet enfer urbain avec une musique extrêmement écrasante et dissonante qui rappelait beaucoup Deathspell Omega...mais en encore plus dissonant et expérimental.
Dans ce magma inquiétant, le groupe incorporait nombre de sonorités issues de divers horizons des musiques extrêmes : du death technique, du free jazz ou d’autres motifs musicaux non identifiés faisant parfois penser à un Mr Bungle sous acides.
Au sein de ce monde urbain noir et écrasant se déployaient aussi les thèmes de la luxure, des paradis artificiels qui renvoaient de nouveau à la ville de l’Apocalypse ; le nom de Babylone était d’ailleurs scandé à plusieurs reprises dans “Spirit of Ectasy”.
Le rendu était perturbant, parfois désagréable notamment sur la première partie de l’album. C’était intentionnel de la part des Américains, mais pour autant il était difficile de se raccrocher à quelque chose tant Imperial Triumphant brisait encore plus impitoyablement qu’à l’accoutumée les rythmiques et les structures. On retrouvait le même travail de pilonnage sur les mélodies ou les passages un peu éthérés. L’auditeur était véritablement brinquebalé d’une ambiance à l’autre comme un vieux sac en plastique sur une grande avenue.
En plus d’être massive et déroutante, la musique de ce “Spirit of Ecstasy” s’avérait aussi tentaculaire : les lignes musicales étaient nombreuses et s’imbriquaient les unes aux autres dans un chaos savamment orchestré comme une monstrueuse agglomération qui n’en finissait pas de grandir. Le nombre d’instruments intervenant sur ce nouvel album était d’ailleurs conséquent : trois guitares, une basse aux lignes très distinctes , du trombonne, de la trompette, une pointe de saxophone, des chœurs, pas mal de samples évoquant l’urbanité, une batterie programmée conférant un aspect synthétique et déshumanisé, un chant death caverneux...bref tout cela mis bout à bout faisait de ce “Spirit of Ectasy”, un véritable hydre de l’Herne musical. Le groupe s’offrait également les service d’un invité de marque en la personne de Snake, chanteur de Voivod. Un choix presque naturel tant la formation canadienne excelle depuis des décennies dans le registre des expérimentations et des univers dystopiques. Imperial Triumphant s’était d’ailleurs déjà fendu d’une reprise de Voivod dans un album précédent avec le titre Experiment.
Le constat était donc évident : Imperial Triumphant parvenait une nouvelle fois à ses fins en proposant un album implacable et oppressant. Les bémols étaient tout de même l’austérité de cette musique et la difficulté à entrer dans cet univers quand même très hermétique. “Spirit of Ectasy” disposait autant d'ingrédients susceptibles de ravir les amateurs de musique expérimentale que d’arguments pour faire fuir ceux qui détestent cela.
Tracklist :
1. Chump Change (07:49)
2. Metrovertigo (06:10)
3. Tower of Glory, City of Shame (7:55)
4. Merkurius Gilded (6:08)
5. Death on a Highway (05:33)
6. In the Pleasure of their Company (06:43)
7. Bezumnaya (07:27)
8. Maximalist Scream (06:58)
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